Definition et enjeux thérapeutiques :
En thérapie comportementale et cognitive comme dans d’autres types de thérapies, le cadre constitue un élément fondateur dans la démarche et la procédure d’échange constructif entre le patient et le thérapeute. Ce cadre va délimiter un espace-temps différent de celui de la vie quotidienne de la personne qui consulte. tout ce qu’on va y vivre va devenir signifiant, chargé de sens et utilisable pour comprendre l’univers spécifique de chaque individu.
C’est au sein de cet espace que les enjeux les plus profonds et les plus puissants s’actualisent et se déploient en fonction de l’implication du patient mais aussi en fonction de la qualité de l’encadrement thérapeutique et du lien établi entre les deux intervenants.
Tout ce qui est dit dans cet espace temps à part est considéré comme important et a potentiellement une valeur exploitable dans l’analyse. C’est en quelque sorte une transition entre intérieur et extérieur et entre imaginaire et réalité mais aussi entre subjectivité et objectivité, spontanéité et ritualisation.
C’est dans cet espace que se révèle la réalité psychique du patient en étant plus ou moins reliée au monde extérieur grâce à l’intervention du thérapeute et c’est grâce à cette relation que le patient peut créer un lien potentiel et un pont entre l’intériorité du sujet et le monde via sa propre médiation.
Ce cadre qui constitue une scène et un contexte, ce qui va induire un certain mode de communication et des processus spécifiques mis en œuvre pour l’analyse des faits et de l’état du patient, mais aussi pour la mise en œuvre des outils destinés à actionner le processus de changement vers le mieux-être.
Le cadre du processus psychothérapique doit être en cohérence avec la définition de celui-ci mais aussi avec l’identification de ses finalités.
N’oublions pas que la psychothérapie est un accompagnement circonstanciel de personnes en difficulté à des fins d’élucidation et de résolution que l’on peut voir comme une forme d’émancipation de ses souffrances.
La finalité consiste donc à restaurer les capacités saines à communiquer et à aimer, à se développer et à construire tant au niveau de la pensée qu’au niveau de l’action, à intégrer le passé pour mieux construire l’avenir.
Ici la notion de cadre prend tout son temps car il s’agit de permettre à l’autre par des moyens toujours adaptables, d’enrichir ses possibilités expressives et de consolider ses capacités de représentation mentale pour affiner son rapport à lui-même dans le but d’améliorer son rapport au monde et à autrui. C’ est pourquoi, la notion de sécurité prend toute son importance car pour faire ce chemin le patient a besoin de se sentir en sécurité pour s’ouvrir au niveau cognitif, sensoriel, émotionnel et il importe qu’ils se sente totalement libre de s’exprimer de façon transparente et authentique sans crainte de jugement, de réprimande, de représailles ou d’abandon.
C’est ainsi que nous ouvrons la voie à l’apparition d’un équilibre dynamique entre l’espace d’expression de son monde singulier et une utilisation constructive de ce qui surgit dans cet espace, y compris au niveau émotionnel. Le ciment affectif qui lie thérapeute et patient et ici essentiel car il est mis directement au service du maintien de cet équilibre. Le patient s’auto découvre dans cette liberté de parole et cette absence de jugement exempte de sélection verbale ou comportementale en disant tout ce qui vient à sa conscience sans choisir ni censurer, ce qui confère une très grande efficacité si l’on vise la connaissance de soi, qui, pour nous comportementalistes, est la base de tout autre travail.
Rigueur et souplesse modularité du cadre et adaptabilité du thérapeute
Créer une ambiance relationnelle propice à la confession et à l’évolution pour optimiser les chances d’amélioration d’un état va compter autant que l’énonciation de certaines règles et la mise en place de certaines conditions concrètes et qui doivent être respectées dans le processus de changement. Toutefois, la règle d’or reste l’adaptabilité, d’une part au profil, et d’autre part aux besoins, mais encore l’adaptabilité de séance en séance et en fonction de l’état du patient, de son évolution ou des éventuelles crises qui l’assaillent en cours de thérapie.
C’est pourquoi il est fort intelligent et judicieux de la part du praticien d’articuler et de combiner entre elles plusieurs méthodes afin de tirer profit de leurs apports respectifs, en évitant d’être restrictif et limitatif à une seule voie à emprunter sur le chemin de l’amélioration de l’état du patient.
Le cadre thérapeutique doit donc être et ce malgré une base à respecter, toujours susceptible d’être modifié en fonction de l’expérience, du bon sens du profil, de l’évolution de la régression,, de la stagnation, bref, en fonction de l’état du patient au moment de la consultation afin de ne pas tomber dans un modèle réducteur qui risquerait de créer une frustration chez le patient et donc qui serait susceptible de ralentir son évolution.
Autrement dit c’est l’intelligence émotionnelle et la compétence du praticien qui guidera au fur et à mesure de la progression dans le travail et de la connaissance de son patient l’attitude et la procédure à adapter dans une souplesse qui doit allier compétences et ouverture d’esprit en cherchant constamment une forme de confort de communication destiné à favoriser l’échange et à faire évoluer l’état et la situation intérieure et extérieure de son patient.
La notion de cadre se veut donc revêtir un aspect rassurant à la fois au niveau compétences mais également au niveau humanité, n’oublions pas que la situation de départ qui a provoqué la consultation est un état de souffrance et qu’aucune technique à elle seule ne saurait remplacer les notions de bienveillance, compassion, empathie écoute active et tout simplement humanité.
La compétence n’impose pas une rigueur si cette rigueur s’avère inconfortable et génératrice de restriction communicationnelle, l’intelligence émotionnelle reste selon nous la plus grande des formes d’adaptabilité et l’arme la plus subtile pour un bon praticien d’arriver à ses fins qui ne sauraient être autres que le mieux être et l’amélioration de la qualité de son patient.