Préparation du patient
La création d’une métaphore thérapeutique repose sur une bonne connaissance du patient par le thérapeute et il est donc crucial que l’anamnèse, c’est-à-dire l’interrogatoire du patient, ait été convenablement mené. Il faut donc connaître :
- Le problème pour lequel le patient vient nous consulter
- L’émotion qu’a engendré ce problème
- Les ressources du patient (en dehors du problème)
- Le contexte (les ressources lors du problème)
- Les échecs rencontrés lors des tentatives de résolution du problème
- L’objectif souhaité
Ainsi, les métaphores se doivent d’être non menaçantes et de favoriser l’indépendance du patient pour lui permettre de dépasser ses propres résistances. Elles ont pour but de séduire le patient et de lui faire développer sa créativité. Les similitudes entre certains éléments du récit et la situation du patient lorsqu’associées à la voix du thérapeute (rythme lent, modulation du timbre de voix, pauses et silences, etc.), génèrent une certaine confusion qui va favoriser la dissociation. Afin d’atteindre cet état de dissociation, il est important que le patient soit bien installé dans sa transe. Il est donc conseillé de passer par une étape intermédiaire entre l’induction et la métaphore. Inviter le patient à se rendre dans son lieu de sécurité est une technique adaptée pour commencer le travail. Ainsi la métaphore est racontée une fois que le patient est installé dans sa transe.
La construction de la métaphore
Pour être efficace, une métaphore doit être composée d’éléments qui apporteront un cadre au récit du thérapeute et présenter des étapes distinctes qui illustreront l’évolution de la situation des personnages dans le récit.
- Le temps : La métaphore débute par une désorientation temporelle (il était une fois, il y a très longtemps, etc.) qui a pour but d’ouvrir un monde où tout est possible pour le patient. Cette désorientation temporelle permet de mettre de la distance entre la situation du patient et celle présentée dans le récit.
- Le lieu : Il faut maintenant « planter le décor » de la métaphore. Pour construire ce décor, on utilise des éléments sensoriels (Visuels, Auditifs, Kinesthésiques, Olfactifs et éventuellement Gustatifs).
- Le héros : Il ne s’agit pas du patient ou d’un personnage trop proche de lui. Le héros doit pouvoir offrir une possible assimilation par le patient.
- Le problème : Il est représenté dans le récit par une tâche à accomplir, une difficulté à surmonter, une bataille à remporter. Ce problème n’est pas forcément proche de celui du patient mais il doit traduire un parallélisme avec son contexte émotionnel (anxiété, difficulté, impuissance, peur, dégoût, tristesse, etc.)
- Les ressources du héros : Elles peuvent être celles du patient et peuvent également contenir des ressources communes (objet magique, ancêtre, animal magique, etc.)
- Les échecs rencontrés : Dans un premier temps, le héros du récit doit se retrouver confronté à l’échec malgré les solutions qu’il a employées. C’est alors le désespoir et l’anxiété que la situation génère chez le héros qui résonnent pour le patient. À ce moment du récit, l’évolution de la situation semble conduire à une impasse avec un phénomène de dramatisation de toutes les dynamiques relationnelles ou personnelles. À ce stade du récit, la tension doit être palpable.
- La rencontre salvatrice : Elle se matérialise dans le récit par une rencontre ou l’intervention d’un élément extérieur. Cet événement représente le thérapeute. Il va alors permettre le dénouement de la situation conflictuelle dans laquelle se trouve le héros.
- La résolution du problème : Cette résolution peut prendre plusieurs formes : un apprentissage, une guérison, une victoire, un changement, etc. À ce stade du récit, il est important d’intégrer de nombreux éléments sensoriels dans la description du récit. L’idée est que le patient ressente ce changement ou cette guérison et qu’il en constate les effets bénéfiques.
- La conclusion : Cette conclusion inclut une grande fête ou encore une fin ouverte qui laisse la place à la créativité du patient pour qu’il s’approprie la métaphore et le changement qu’elle entraîne. Le thérapeute peut aussi choisir de laisser au patient le soin de terminer la métaphore pour évoquer la conclusion au cours d’une séance ultérieure.